Laurent Mauduit vient de faire paraître ce vendredi 5 avril 2013 l’un des premiers livres (si ce n’est le premier?) qui s’essaye à faire un bilan de la Présidence Hollande engagée en mai 2012. Je l’ai lu L’étrange capitulation (Paris : Jean-Claude Gawsewitch Editeur, 2013) profitant d’un samedi bien maussade sur Lyon. Cet ancien journaliste de Libération et du Monde, actuellement à Médiapart, ne cache pas son attachement à « la gauche », et c’est de ce point de vue qu’il entend rendre compte d’un peu moins d’une année de retour du PS au pouvoir après dix années d’opposition.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que L. Mauduit n’est pas tendre. Comme le titre l’indique, il s’agit d’une « étrange capitulation ». Il construit en effet toute la rhétorique de son ouvrage autour d’une méditation sur le livre de Marc Bloch, l’Étrange défaite. Ce dernier, historien du Moyen-Age, avait voulu comprendre, alors même qu’il était engagé dans la Résistance, comment la France avait vu ses défenses s’écrouler si subitement en mai-juin 1940. Il en attribuait la responsabilité à la nature des élites d’alors, guère prêtes à faire ce qu’il fallait pour sauver le pays du désastre, peut-être même au contraire bien contentes de se faire battre par l’Allemagne de Hitler pour sauver par la même occasion d’inavouables intérêts domestiques. Dans le cas présent, il s’agit de monter que, contrairement aux expériences précédentes d’accès aux responsabilités nationales de la gauche (en 1936, en 1981 et en 1997), F. Hollande n’a même pas essayé de faire des réformes correspondants à ce qu’attendait (confusément) le « peuple de gauche » : (…) « d’emblée, en 2012, les socialistes baissent les bras et appliquent la politique du camp d’en face » (p. 250) En effet, selon L. Mauduit, F. Hollande fait exactement ce qu’attendent les milieux patronaux et la haute fonction publique (libérale), et cela en liaison avec ses amis de toujours, comme Jean-Pierre Jouyet, actuel dirigeant de la CDC. Ce dernier avait défini publiquement la ligne réelle de la future Présidence dès l’automne 2011 sans qu’on y prenne garde (p. 201-204). « En vérité, 2012 est comme un épilogue dans l’histoire socialiste. C’est François Hollande qui gagne l’élection présidentielle, mais ce sont les milieux d’argent qui détiennent plus que jamais le pouvoir » (sic, p. 272). Ce livre de journaliste, bon connaisseur des élites parisiennes, vaut d’ailleurs surtout par sa capacité à mettre en lumière les continuités humaines entre l’époque sarkozyste et la Présidence Hollande qui commence.
Du fait, on aurait du mal à donner tort sur le fond de l’affaire à L. Mauduit, ce n’est pas de fait un scoop de dire que le « choc de compétitivité » auquel Louis Gallois associe son nom, la « réforme bancaire » (enfin réforme, c’est un grand mot …), l’ « Accord national interprofessionnel (ANI) sur la sécurisation de l’emploi », la « Modernisation de l’action publique (MAP) », la création de la « Banque publique d’investissement(BPI) », les décisions prises autour du sort de l’aciérie de Florange, les choix budgétaires annoncés pour les années 2013-2017, dessinent, selon la terminologie consacrée, les contours d’un « socialisme de l’offre ». Ce dernier se trouve pour le moins assez éloigné de ce qu’attendaient, à court terme, une partie au moins des électeurs de F. Hollande lors du second tour – ceux qui croyaient que leur vie quotidienne serait moins dure.
En revanche, j’aurais quelques critiques à formuler sur la surprise (supposée) que cela représente et sur les raisons qui expliquent cette accentuation des politiques économiques d’inspiration néo-libérale depuis l’élection de F. Hollande.
Premièrement, j’oserais dire que n’ont été surpris que ceux qui voulaient bien se laisser surprendre! (au vieux sens du mot surprendre). Le livre est d’ailleurs un peu contradictoire en ce qu’il apporte lui-même des éléments pour prouver que, dès 2011, F. Hollande a choisi la ligne « socio-libérale » qu’il appliquera s’il parvient à la Présidence. L. Mauduit explique aussi comment la taxe à 75% constitue un coup de génie qui permet d’enterrer la réforme fiscale voulue par le PS dans son programme et … de prouver au bon peuple de gauche qu’on porte des intentions sérieuses de redistribution (p. 134-140). L. Mauduit ne fouille pas assez la dynamique de l’opinion publique : en effet, à mon sens, dès avant l’élection de 2012, toutes les personnes informées (parce qu’elles lisent la presse, dont Médiapart) savent que F. Hollande tiendra la ligne qu’il va finalement tenir; en revanche, une bonne part de ses électeurs (peu informés), de ses militants (trop confiants), croient apparemment, ou se laissent aller à croire pour ne pas désespérer, que « le changement, c’est maintenant ». Cela tient sans doute à l’habileté de F. Hollande d’avoir réussi à tenir ce double discours pour deux cibles socialement et politiquement différentiées. Quand Emmanuel Todd parle de « hollandisme révolutionnaire » en mars 2012, c’est bien parce que toute une partie de l’opinion (de gauche) sait déjà largement à quoi s’en tenir. De ce point de vue, tous ceux qui geignent maintenant (genre Gérard Filoche ou les récents pétitionnaires « Ce n’est pas pour cela que nous nous sommes engagés ») font preuve d’une bêtise crasse ou d’une duplicité coupable.
Deuxièmement, L. Mauduit tisse son livre de comparaison avec 1936, 1981 ou 1997, en soulignant qu’à chaque fois la gauche essaye au moins de faire au début quelque chose. Certes. Il devrait souligner encore plus qu’il ne le fait, qu’à chaque fois, on trouve derrière les changements législatifs annoncés par les socialistes et leurs alliés du moment une forte poussée d’un mouvement social. Pour prendre l’exemple de 1997, la « réduction du temps de travail », mise en œuvre mollement et lentement par le PS, est portée par un mouvement social. Ce dernier a même été capable d’influencer la droite au pouvoir avant 1997, qui vote la « loi Robien » qui ouvre la voie à cette idée de réduction du temps de travail (certes dans une forme néo-libérale). Sans doute, L. Mauduit ne veut-il pas insulter le public qu’il vise en écrivant ce livre, mais, après tout, si le PS revenu au pouvoir avec F. Hollande se donne tout entier, selon lui, aux idées de son adversaire traditionnel, n’est-ce pas aussi parce que la poussée pour le changement social s’avère en fait nulle en 2012? Ou n’est-ce pas que ceux qui voulaient ce changement ont été encore une fois trop naïfs vis-à-vis des actuels dirigeants du PS? Feu sur le quartier général, camarades!
Troisièmement, L. Mauduit me semble négliger de mettre en lumière une cause majeure des choix de F. Hollande : l’Europe, l’Europe, l’Europe. Il consacre un chapitre 9, « Le FMI comme maître à penser » (p.169-179) à faire le lien entre l’ANI sur la sécurisation de l’emploi du 11 janvier 2013 et les recommandations des instances économiques internationales en matière de « réformes structurelles » du marché du travail. L. Mauduit n’a pas tort. Mais, pour le reste, il néglige l’importance des contraintes européennes que doit affronter désormais tout dirigeant français. La véritable « étrange capitulation » est peut-être justement là : lorsqu’il fait campagne, F. Hollande prétend vouloir renégocier le TSCG et surtout réorienter l’Europe vers la croissance. Pour l’instant, c’est l’échec complet. La vraie question est alors de se demander pourquoi, en juin 2012, fort de l’onction du suffrage universel français, F. Hollande n’ose pas provoquer une crise européenne en affirmant clairement que la politique menée depuis 2010-11 de rigueur à marche forcée ne fera qu’emmener l’UE dans la récession, et bloquer à ce moment l’adoption du TSCG. Il est vrai que, pour le fils spirituel de Jacques Delors, jouer le tout pour le tout à ce moment-là aurait sans doute été difficile. Sans doute aussi, l’onction du suffrage universel français se trouve un peu démonétisée dans le cadre européen – elle ne l’est pas tant que cela pour les Français. On est certes plus au temps du Général de Gaulle et de la « crise de la chaise vide ». Il est vrai aussi que seulement menacer de se fâcher aurait pu entraîner une crise financière si grave que l’Euro en aurait passé l’arme à gauche – ce qui n’était pas dans le programme de F. Hollande- , mais tout de même? D’ailleurs, dans son récent interview sur France 2, le Président a eu des phrases alarmistes sur l’effet de l’austérité sur la tenue de l’Union européenne : pourquoi continuer alors dans le même temps (comme il l’a confirmé aussi) à respecter la rigueur européenne? Je soupçonne que si L. Mauduit a négligé cet aspect européen qu’il connait sans doute bien, c’est parce que cela l’aurait emmené sur des routes fort sinueuses, dans la mesure où il voulait reprendre la thématique de Marc Bloch. Dans le fond, n’aurait-on pas alors une étrange capitulation devant l’ordo-libéralisme germanique, auquel les élites françaises seraient bien contentes de se livrer pour de trop évidentes raisons intérieures? Pour en finir ainsi avec les « archaïsmes français »?
Enfin, dernière critique. L. Mauduit reproduit un schéma bien connu dans les monarchies : le roi a un bon fond, seuls ses conseillers sont mauvais. L. Jouyet, et les anciens proches de DSK, P. Moscovici et J. Cahuzac, apparaissent comme les responsables de tout cela, mais F. Hollande lui-même, comme le montre la fin de l’ouvrage qui reproduit une tribune de ce même F. Hollande en 1999 contre un autre ouvrage critique de L. Mauduit à propos de la gestion Jospin (p. 289-295), semble ne pas être un mauvais bougre, c’est un vrai réformiste de gauche qui veut avancer à tous petits pas de manière réaliste. C’est là un peu vouloir sauver ce qu’il peut rester d’espoir à gauche dans cette Présidence Hollande. Encore un peu de courage, camarade Mauduit…
Et, le plus drôle dans tout cela, c’est que la droite, elle, ne fait mine d’y voir que de l’affreux socialisme rétrograde… Où comment perdre sur les deux tableaux…
On n’en sortira donc jamais avec ce déni des réalités économiques.
J’avoue ne pas comprendre : comment peut-il ne pas parler de l’Europe ? Mais dans ce cas, comment explique-t-il la « trahison » de Hollande ?
@ vince38 : moi aussi, j’ai été étonné à la lecture par cette impasse faite sur l’Union européenne. Je crois qu’elle tient au fait que L. Mauduit voit essentiellement les réseaux capitalistes français à l’œuvre derrière tout cela. En particulier, il pense (et il n’a peut-être pas tort) que tout commence avec les privatisations des années 1980 qui ouvrent la voie à des capitalistes sans capitaux, c’est-à-dire (à la manière russe) à des ex-hauts fonctionnaires qui en profitent pour devenir des chefs d’entreprise en s’appuyant sur les capitaux apportés par les fonds de pension (américains) pour capitaliser leurs aventures plus ou moins réussies. C’est une vieille explication, que j’avais déjà vue à l’époque – d’où l’insistance des mêmes pour l’instauration de la retraite par capitalisation, qui aurait permis d’avoir une force de frappe financière française à leurs ordres.
Il reste que, pour L. Mauduit, l’influence propre de l’UE est noyée dans un contexte plus large (FMI, OCDE…), il ne voit pas l’aspect proprement européen. Or, avec les premières recommandations du Haut Conseil des Finances Publiques, on risque bien de voir directement l’effet de ce genre d’Europe sur la politique du gouvernement. (Au même moment, le Japon capitaliste et libéral-conservateur tente le tout pour le tout avec une politique monétaire et budgétaire ultra-hétérodoxe… comme quoi, il y a des façons différentes de gérer le capitalisme.)
Je suis d’accord avec vous, sauf sur le « deuxièmement » : pour avoir vécu ces époques, je ne me souviens pas qu’il y ait eu une forte mobilisation sociale en 1981 et 1997. Par ailleurs vous sous-estimez les mouvements sociaux qui ont eu lieu en 2012 avec tous les plans sociaux qui ont été médiatisés (Florange, Mittal…) mais qui n’ont pas infléchi la politique de Hollande malgré les tentatives de Montebourg.
Certes, en 1997 l’idée de réduction du temps de travail était à la mode, mais elle n’était pas portée par un mouvement social, mais plutôt par ce que faisaient d’autres pays (l’Allemagne par exemple). Cette idée pourtant intéressante a été tuée par les réformes entreprises par la gauche : Mitterrand en 1981 et ses 39 h sans autre forme d’accompagnement, puis Jospin-Aubry qui ont accordé des exonérations très couteuses sans qu’il y ait réellement réduction du temps de travail. A présent plus personne n’ose parler réduction du temps de travail (sauf Rocard qui ne l’a pas fait lorsqu’il était Premier ministre…), alors qu’il faudrait pourtant le faire compte tenu du chômage massif qui n’a pas fini de se développer.
@albert75 : pour « 1981 », mes souvenirs personnels sont ceux d’un adolescent vivant dans le camp d’en face; je m’appuie sur mes lectures, en particulier sur l’histoire des usines Peugeot par Michel Pialoux, et plus généralement sur l’histoire politique, économique et sociale de ces années-là telle que j’ai pu la lire. Il va bien sûr de soi que ce n’était pas « 1936 », mais la victoire de la gauche n’était pas seulement un mouvement de balancier électoral.
Pour « 1997 », mes souvenirs sont bien plus précis. Vous rappelez-vous du succès médiatique du livre de Viviane Forrester, l’Horreur économique? Vous rappelez-vous des grèves de novembre-décembre 1995? Du combat sur les « sans-papiers »? Je m’en rappelle personnellement d’autant plus qu’à cette époque j’étais proche de ces milieux militants, et j’ai bien usé mes chaussures dans les rues de Paris. La réduction du temps de travail ne venait pas de nulle part, et il faut bien avouer qu’elle a été mise en œuvre par Martine Aubry de telle manière que l’idée a été plombée pour longtemps, et n’est vraiment pas étrangère à la défaite de L. Jospin en 2002. En 2012, il n’existe pas de vrai réforme qui monte de la base.
En 2011-12, la France manque totalement le mouvement des « Indignés », alors même que Stéphane Hessel se trouve à l’origine du thème! Il est vrai qu’il est lui-même membre du PS, et a en quelque sorte « fait confiance » à ce parti pour porter les revendications.
Si les grèves de 1995 vous permettent d’expliquer qu’il y avait un mouvement social important en 1997, vous pourriez dire la même chose aujourd’hui en faisant référence aux manifestations de 2010 contre la réforme des retraites de Sarkozy.
Les grèves de 1995 étaient spectaculaires parce que les transports en commun étaient complètement bloqués, mais il ne s’agissait malgré tout que d’un mouvement catégoriel des agents de la SNCF et de la RATP qui défendaient leurs régimes spéciaux.
Quant au livre de Forrester, et malgré toute l’estime que j’ai pour cette auteure et le travail intellectuel en général, il ne s’agissait que d’un livre et non d’un mouvement social.
Il me semble que nous sommes passés depuis de l’horreur à la recherche de solutions, avec le thème de la démondialisation, la défense du protectionnisme, les critiques contre l’euro et l’UE qui sont à présent bien plus répandues et structurées qu’elles ne l’étaient à l’époque.
@ altert75 : je pense au contraire pour avoir vécu les deux épisodes de contestation (1995-1997 et 2002-2012) qu’il y a un épuisement des manifestants, ne serait-ce qu’en raison de l’affaiblissement prononcé du syndicalisme ouvrier. Par contre, vous avez raison sur la montée en puissance de la critique argumentée. On est passée de l’indignation morale à la V. Forrester à une vision plus réaliste et plus détaillée des raisons de cette situation – mais, pour l’instant, cette vision n’a pas trouvée le mouvement social qui lui corresponde, tout particulièrement en France. Cela peut venir… avec la tête du bon roi François au bout d’une pique!
FERNY 75
Personnellement, j’attendais de François Hollande, non pas des mesures labellisées « de gauche », mais une gestion économiquement réaliste et socialement juste : la social- démocratie. Dans ce cadre je pensais, compte-tenu de la situation, qu’il ne pourrait pas échapper à une certaine rigueur (économiquement réaliste) et qu’il devait,en même temps, pratiquer la «révolution fiscale » qu’il avait annoncée (socialement juste), de nature à nettoyer l’inextricable fouillis de l’impôt actuel sur le revenu, et indispensable pour rendre acceptables les efforts imposés aux contribuables.
J’approuve ses mesures économiques : insistance au niveau européen sur la nécessité d’associer à la rigueur budgétaire la recherche de la croissance, mise en place d’une concertation entre partenaires sociaux amorçant une évolution vers le contrat par opposition à la loi, pacte de compétitivité, crédit d’impôt aux entreprises, mesures diverses en faveur des défavorisés.
Par contre, je n’ai pas compris qu’il laisse tomber la réforme fiscale. Il disposait d’un outil« clés en main » : le projet « Pour une réforme fiscale » (Thomas Piketty, Camille Landais, Emmanuel Saez). Au lieu d’aller dans cette voie, il s’est embourbé dans la taxation à 75%, inefficace et sujette à polémique à l’infini, dont il ne se dépêtrera pas sans dommage. Laurent Mauduit a, d’ailleurs, écrit un excellent article sur le sujet : « Un suicide Fiscal ! » dans Marianne du 13 Octobre 2012.
Pourquoi, sous quelles influences, François Hollande a-t-il enterré la réforme fiscale ?
@ vivès : à mon avis, la « réforme fiscale » a été enterrée pour deux raisons avouables : d’une part, il est très difficile à un gouvernant en France de clarifier les choses sur « l’impôt direct » perçu comme tel par les contribuables, l’opacité est préférable, et, par exemple, faire croire que la CSG n’est pas un impôt et que donc 50% des foyers ne payent pas l’impôt (direct) est nécessaire à l’illusion fiscale de nos concitoyens : il ne s’agirait pas que le « smicard » découvre à l’occasion qu’il paye lui aussi un impôt(direct) déguisé en CSG, il pourrait s’inquiéter, il suffit de voir avec quelle prudence le gouvernement examine toute mesure qui rendrait « imposable » à l’IRPP une nouvelle catégorie de population : c’est comme si ne pas payer l’IRPP était un « droit acquis » pour certains pauvres ; d’autre part, il y a la question du décalage induit par le paiement avec un an de retard de l’impôt sur le revenu : si l’on passe, à une retenue à la source avec une CSG élargie, comment fait-on? Il faudrait que la même année les Français payent l’impôt nouveau de l’année (super-CSG) et leur impôt sur le revenu de l’année précédente. La solution à ce deuxième problème serait de faire l’impasse sur l’impôt d’une année… mais dans le cas présent, c’est difficile à envisager vu les difficultés budgétaires de l’État et des ménages.
Après, il y a sans doute des raisons moins avouables de liens avec des groupes d’intérêts ne voulant pas payer d’impôts et/ou vivant de la défiscalisation.
Nous arrivons à la fin d’une histoire du socialisme. Malgré ses reniements à différentes époques, le socialisme avait toujours incarné un souffle, une espérance. Le poids de la fatalité peut être renversé par la volonté des hommes : tel était son fondement. Nous vivons une crise politique, sociale, économique, éthique sans qu’il n’y ait vraiment de débat, à gauche, notamment sur la réorientation de l’économie. Aucune grande voix ne s’élève pour proposer d’autres solutions. Où est Marceau Pivert (dirigeant socialiste avant-guerre, ndlr) et son « tout est possible » ? Marceau Pivert qui, en 1937, disait au gouvernement socialiste : « Non, je n’accepte pas de capituler devant le capitalisme et les banques. » Malgré sa gravité, la crise peut générer des outils intellectuels pour la surmonter. Des personnalités incarnent cela dans l’histoire : les révolutions de 1848 génèrent Marx, la crise de 1929 génère Keynes. Aujourd’hui, nous n’entendons aucune grande voix. Les socialistes ont l’apparence de notaires tristes.