Qui aurait pu prévoir. C’est vraiment la phrase-clé de ce second quinquennat d’Emmanuel Macron.
Nous en arrivons désormais dans le dur des conséquences de son action depuis son élection en 2017. Il serait trop long de faire la liste de ce qui dysfonctionne dans ce pays en vertu de son action « révolutionnaire ». Toutes les politiques publiques sont de quelque façon en difficulté, et les comptes publics ne vont guère mieux. Pour corser le tout, la sécheresse hivernale nous en promet de bien belles pour ce printemps et cet été. Mais n’est-ce pas, qui aurait pu prévoir? Hein, qui aurait pu prévoir qu’en appliquant une vision du monde développée entre la fin des années 1930 et le début des années 1970, le néo-libéralisme, dans la France des années 2010 l’on obtienne sur tous les plans des résultats pour le moins médiocres? Prétendre innover en faisant du sous-Hayek pour inspecteurs des finances, c’est sûr que cela allait marcher. Mais là n’est pas mon propos.
Je veux simplement ici rappeler la droitisation constante de ses paroles et de ses actes depuis 2017. Nous sommes donc désormais arrivé clairement au moment « Café du commerce » ou, si l’on préfère, au moment « Grosses têtes » sur RMC. Les déclarations d’Emmanuel Macron lors de sa visite au Salon de l’agriculture sur les éleveurs qui travaillent 7 jours sur 7 et ne prennent pas de vacances, ce qui justifierait à ses yeux la légitimité de faire travailler tout le monde deux ans de plus, constituent de ce point de vue un marqueur de cette droitisation. Et encore, en utilisant ce terme, j’insulte sans doute tout ou partie de la droite (qui n’est pas assez bornée tout de même pour nier la nécessité du repos, éventuellement chrétien et dominical, et celle des vacances, récompense d’une année de dur labeur pour les uns et gagne-pain pour tous les acteurs du tourisme). Elle n’est pas elle en son entier revenue en 1820, ce qui semble bien être le cas de notre Hibernatus de Président. Il faut donc parler de « propos de comptoir », de bêtise crasse.
Il resterait à comprendre pourquoi cette droitisation a été aussi nette et rapide. On est tout de même passé entre 2017 et 2023 (six années seulement!) d’un jeune aspirant à la Présidence se voulant « bienveillant » et « écolo », à une sorte de sketch à la OSS 117 incarnant tout ce que le beaufisme qui s’assume peut avoir de pire.
La première explication peut être simplement que Macron suit son électorat. Le résultat des élections européennes de 2019 lui a montré que son salut (électoral) était dans la conquête de l’électorat de la droite, et il n’a cessé de pencher de ce côté-là. Cela lui a plutôt réussi. La droite, menée (piteusement certes) par Valérie Pécresse, a fait moins de 5% au premier tour de la Présidentielle. Et il faut bien le dire les leaders actuels de la droite, Eric Ciotti en tête, semblent avoir décidé de se rallier à l’occasion de la réforme des retraites à ce Président (objectivement) de droite. Dans cette perspective, on objectera tout de même qu’Emmanuel Macron fait fi désormais de toute cohérence entre ses différents propos depuis 2017. On aurait pu imaginer qu’il se repositionne à droite en préservant au moins les apparences d’une continuité, un peu comme Mitterand l’avait fait en son temps entre son premier et son second mandat.
La seconde explication est que, dans le fond de ses convictions, ou de son habitus plutôt, Emmanuel Macron est fondamentalement un anti-démocrate, un homme qui n’a aucun intérêt ni aucun respect pour ce que pensent et vivent ses concitoyens, « ceux qui ne sont rien ». La présente réforme des retraites qu’il a engagée constitue comme une démonstration parfaite de cet état de fait : tous les syndicats s’y opposent, les manifestations ont été bien suivies, et, surtout, tous les sondages sont convergents : une très nette majorité des actifs (autour de 90%) se déclare contre cette réforme. Une règle de base de la démocratie substantielle est ainsi violée : une norme ne peut s’appliquer que si la majorité des personnes concernées en sont d’accord. Le très prudent Pierre Rosanvallon, sans doute le moins radical de nos intellectuels publics, a souligné très récemment le problème démocratique que cela pose. Bien sûr la légalité sera (pour le moment) respectée (sans doute avec l’appui des Républicains au Sénat et à l’Assemblée nationale), mais l’esprit démocratique qui devrait présider à l’action du pouvoir dans un pays tel que le nôtre (avec une Constitution encore en vigueur d’une République sociale où figure encore par exemple un CESE) va être complètement négligé. Ensuite, les politistes auront beau jeu de souligner que la confiance dans les institutions démocratiques continue à s’effriter dangereusement, et les plus audacieux d’entre nous rappelleront que les « jeunes générations » (en fait les moins de 70/75 ans) expriment de plus en plus une demande d’écoute de la part des gouvernants. La « remise de soi » aux politiques est tout de même un concept bien dépassé. Là encore, il faut se rappeler qu’au début de son aventure politique Emmanuel Macron avait prétendu appuyer son programme politique sur une demande populaire qui aurait été recueillie à sa source même, dans les tréfonds du pays, par les premiers « marcheurs » – soit dit en passant une démarche proche de celle promue par le dit Rosanvallon avec son « Parlement des invisibles ». En bon Prince machiavélien (au sens erroné du terme pour Machiavel lui-même) , Macron s’est donc prêté aux faux-semblants de la participation citoyenne (comme encore lors du « Grand Débat » post-Gilets jaunes ou de la Convention citoyenne sur le climat), mais ce vernis d’adhésion aux valeurs de la démocratie (substantielle) craque de plus en plus à mesure que les années passent. On se dira que c’est un cas désormais fréquent dans les démocraties représentatives contemporaines : un leader arrive au pouvoir avec en main le rameau d’olivier de la démocratie, souvent en se présentant comme populiste en ce sens-là, et, quelques années plus tard, il a révélé au monde entier sa conception autocratique du pouvoir. Mutatis mutandis, Macron ne fait donc que suivre la trajectoire d’un Orban, d’un Poutine ou d’un Erdogan. Par chance, les institutions de notre République ne l’autorisent pas actuellement à briguer un troisième mandat.
Ce retour à un habitus autoritaire me parait particulièrement visible avec le cas du SNU (Service National Universel). En effet, alors qu’il ne concernait que peu de jeunes volontaires, il semble devoir devenir obligatoire à assez court terme pour tous les jeunes Français. En dehors de son coût, des difficultés d’organisation à prévoir et de son inefficacité à atteindre les buts que le pouvoir lui assigne officiellement (en gros, créer du civisme chez les futures générations) selon tous les savoirs disponibles en la matière, c’est l’esprit qui anime ce genre de dispositif qui ne peut qu’alarmer. Les historiens rappellent à qui veut bien l’entendre que cette forme de scoutisme obligatoire ressemble fort aux Chantiers de jeunesse du régime du Maréchal Pétain (1940-1944), avec des proximités troublantes dans les objectifs visés. Dans l’Europe du XXème siècle, à ma connaissance, seuls les régimes totalitaires de droite et de gauche ont créé des dispositifs d’encadrement de la jeunesse, inspirés du scoutisme, et séparés à la fois de l’éducation ordinaire et de l’armée. Est-il nécessaire de rappeler les Ballila fascistes, les HJ nazis, ou les FDJ de la République démocratique allemande? Au moins ces dispositifs d’encadrement de la jeunesse, par leur continuité tout au long de la vie des adolescents, pouvaient-ils se targuer de quelque efficacité à formater l’esprit de leurs troupes? (Cette formation dans les Ballila est souvent évoquée pour expliquer l’engagement spontané de très jeunes gens dans les troupes de la RSI en 1943-44.) Il est à noter d’ailleurs que ces dispositifs n’étaient pas complètement obligatoires, et qu’ils le sont devenus assez lentement au fil du durcissement des régimes concernés. En effet, ils violent là un des droits les plus fondamentaux dans une société se voulant minimalement libérale, celui des parents à choisir les valeurs qu’ils souhaitent transmettre à leurs enfants. On aura bien compris aussi, vu la personne qui la porte au gouvernement, qu’il s’agit de débusquer des descendants de fellagha dans la belle jeunesse de France. On peut douter que ce soit là la meilleure méthode.
Si le SNU n’était qu’une initiation à la vie militaire, gérée entièrement dans des casernes par les militaires eux-mêmes, il serait dans le fond acceptable si l’on admet, ce qui reste encore à discuter, qu’il faudra rétablir à court terme la conscription des deux sexes. Malheureusement, ces initiateurs semblent viser bien plus large. Il s’agit pour eux de former le citoyen (et de faire sortir de sa tanière le djihadiste en le mêlant à la masse saine de la jeunesse). Mais alors à quoi sert donc l’institution scolaire? N’a-t-elle pas ce même but parmi ces divers objectifs depuis le XIXème siècle? Et, puis, de manière réaliste, ne va-t-on pas aboutir au même résultat avec ces quinze jours de SNU que celui observable pour les stages de récupération des points de permis? Les jeunes iront se faire gourmander, et, ensuite, ils auront des anecdotes à raconter à leurs potes sur l’absurdité de la chose pour quelques années.
L’insistance d’Emmanuel Macron à soutenir cette innovation, bien vintage en réalité, devrait donc inquiéter grandement toutes les personnes d’esprit démocrate et libéral.
Par contre, tous les courant autoritaires du pays n’ont plus qu’à se réjouir. Qui aurait pu prévoir que cet Emmanuel Macron, néo-libéral infiltré au plus haut niveau du pouvoir socialiste entre 2012 et 2017, devenu Président centriste en 2017, finisse par être celui qui prépare les conditions de la transformation d’une vieille démocratie représentative en un régime autoritaire? Le Rassemblement national n’aura en effet qu’à reprendre et poursuivre tout ce qui a été entrepris depuis 2017 en la matière. Et le pire est sans doute qu’il arrivera légalement au pouvoir poussé par l’exaspération vis-à-vis de l’autoritarisme macronien, au nom justement de la démocratie.
Prétendant par deux fois faire barrage au RN, Macron en partage les aspirations profondes. Qui aurait pu prévoir.
Intéressant billet, comme toujours. Certes, la Chambre des députés n’existe plus depuis 1946 et elle n’a plus siégé après le 10 juillet 1940 mais c’est un détail.
En revanche, je vais défendre un peu Macron (mais oui ! Vous me faites faire de ces choses…) car je vous trouve un peu injuste avec lui (mais oui ! Vous me faites dire de ces choses…). En effet, je ne pense pas que les lois liberticides soient apparues dans son sillage en 2017 : elles sont au bilan de la présidence Hollande mais bien sûr, Macron n’a rien fait pour faire repartir le balancier dans l’autre sens. Et s’il tirait des ficelles dans l’ombre avant 2017, je ne pense pas qu’il ait touché à celles-là car je crois que les libertés publiques, il s’en moque complètement et que d’autres se sont chargés de les ramener « à de plus justes proportions ». Bref, j’aurais plutôt conclu « Le Rassemblement national n’aura en effet qu’à reprendre et poursuivre tout ce qui a été entrepris depuis 2012 et poursuivi avec enthousiasme depuis 2017 en la matière. » – parce que la crise du covid et les libertés, ça a fait deux quand même.
Au plaisir de vous lire, même si tous les trois mois, je me languis…
@ POC : Merci de votre appréciation. J’ai corrigé l’erreur sur la Chambres des députés. C’est un signe que j’avais en tête le passé lorsque j’ai écrit ce billet.
Pour ce qui est de la datation des reculs sur les libertés publiques, vous avez raison, c’est plutôt avec la réaction aux attentats de 2015 qu’il faudrait faire commencer le glissement qui prépare M. Le Pen, l’époque Valls-Cazeneuve du Hollandisme finissant. Mais là encore, paradoxalement avec le recul du temps, au début, Macron paraissait moins à droite sur ces points-là. Il ne s’intéressait en 2017 qu’à l’économie et au « sociétal », et laissait cela à son possible rival M. Valls. L’évolution actuelle n’en est que plus fascinante, de jeune loup social-libéral à vieux leader autocratique (ce qui en l’écrivant ne me parait pas biologiquement incompatible).
Enfin, je ne regrette de ne pas avoir plus le temps et l’énergie d’écrire plus souvent pour ce blog. Il faudra donc m’excuser. Visiblement, je subis les ravages de l’âge, ce qui me fait d’ailleurs bien apprécier les débats actuels sur l’âge légal minimum de départ en retraite. Nous ne sommes pas égaux devant le vieillissement.
Je suis tout de même étonné que, dans l’évolution « droitière » que tu pointes pour le macronisme, tu ne prennes pas du tout en compte la situation à gauche, comme si les évolutions des partis politiques étaient déconnectées de ce qui se passe dans le camps adverse. Or, quand même, la radicalisation gauchisante et crypto-révolutionnaire du camarade Mélenchon (fusiller les riches ?) me semble peser pour quelque chose dans le déséquilibre actuel du système partisan. Macron a besoin d’alliés : tu pensais vraiment qu’il pourrait les trouver du côté de la NUPES ?
Par ailleurs, comparer le SNU (dont je rappelle qu’il dure 12 jours, oui 12 jours !) avec les chantiers de jeunesse ou les organisations de jeunesse nazis, franchement, tu ne nous avais pas habitués à franchir si facilement le point Godwin. Du reste, tu passes allègrement sous silence tous les problèmes de société qui se posent actuellement. Allez, courage, tu peux encore te reprendre ;-)
@ Vince38 : Sur le SNU, c’est un dispositif comme l’a précisé la sous-ministre qui dure plus que les 12 jours de stage. En tout cas, même si cela dure seulement 12 jours, c’est une réinvention inacceptable quand on connait l’histoire de ce genre de dispositifs. Le point Godwin me parait donc amplement justifié. Tu remarqueras d’ailleurs que je cite aussi les régimes totalitaires de gauche.
Par ailleurs, en contexte budgétaire contraint, il y a mille façons de mieux dépenser l’argent au profit de la jeunesse, par exemple une médecine scolaire qui fonctionnerait.
Enfin, ton argument par la mélenchonisation me parait spécieux. Au contraire, cela laissait à Macron de vastes domaines électoraux à garder au centre-gauche. Il a choisi de ne pas soutenir Hulot, mais Willy Schraen, il ne lui faut pas s’étonner d’avoir ensuite un Mélenchon qui prospère.
Si seulement vous pouviez dire vrai ! Si seulement Macron se droitisait. Alors il n’aurait pas mis 600 milliards sur la table lors de la crise du Covid, sans mettre des économies budgétaires drastiques en face.
Alors nous n’aurions pas bradé notre patrimoine industriel français au profit des intérêts de l’Europe et de l’Allemagne.
Alors nous n’aurions pas détruit EDF pour satisfaire aux idéaux des technocrates de Bruxelles, néo-libéraux tous issus de la social-démocratie.
Alors nous ne serions pas le pays dans lequel l’assistanat à pris de telles proportions qu’il devient difficile de trouver des gens motivés pour travailler et impossible d’équilibrer les comptes publics.
Alors nous n’aurions pas un ministre de la Culture qui menace une chaine privée dont la ligne éditoriale de droite ne lui convient pas.
Enfin, nous n’aurions pas un ministre de l’Éducation nationale wokiste et obsédé par ce thème si cher à la gauche : l’égalité des chances, qu’elle a précisément contribué à détruire en laissant filer l’excellence et le mérite…
Je suis toujours étonné de voir la gauche parler de droitisation à chaque fois qu’elle ne veut pas regarder en face le fruit de ses actions. Vous confondez droite et néolibéralisme. C’est la gauche qui a inventé le libéralisme au 19è siècle (libéralisme qui constitua une émancipation face aux traditions monarchiques de la droite d’alors) ; et ce sont les années Mitterrand qui ont contribué à développer l’ultralibéralisme en France. Delors, Rocard, Lamy, Attali et quelques autres ont libéralisé l’économie française comme jamais la droite n’avait osé le faire. Même pas Balladur…
Et depuis 20 ans, la gauche a renié tous ses principes : l’universalisme, la nation, la laïcité, le mérite républicain. Elle a épousé le pire du libéralisme (car nous en avons désormais tous les inconvénients sans aucun des avantages).
Alors maintenant, parler de droitisation, c’est vraiment fort de café. Car tout ce désastre que vous contemplez n’est en réalité que le résultat de 40 ans d’un double mouvement : une ultralibéralisation économique, associée à une gauchisation sociétale. Les deux étant alliées pour filer vers une mondialisation sans frein. La gauche veut ouvrir les frontières aux humains. Les ultralibéraux veulent les ouvrir aux capitaux. Les premiers croient agir pour des raisons morales. Et ce faisant, ils sont les idiots utiles des seconds, qui n’agissent que par intérêt.
Quant à la réforme des retraites, dois-je vous rappeler qu’un cheminot actuel a 35 ans d’espérance de vie à la retraite !? Dois-je vous rappeler qu’en 1980, les français bossaient jusqu’à 65 ans tout en vivant 8 ans de moins. Et je ne crois pas qu’ils descendaient dans la rue à l’époque pour en manifester l’injustice. La retraite n’est qu’un faux problème. Le vrai problème, c’est le rapport au travail, le management toxique, la financiarisation de l’économie, la perte de sens des métiers. Ces problèmes auraient pu être pris à bras le corps par la gauche si elle n’avait pas abandonné le social. Mais tout ce qu’elle est encore capable de nous vendre, c’est le droit à la paresse…
Alors la droite a vraiment bon dos.
@ Gallet : Tout dépend de ce qu’on appelle droite. Dans ce billet, je fais surtout allusion au type de droite autoritaire, bonapartiste, dictatoriale. En somme, la droite qui valorise sur le plan anthropologique la hiérarchie (plus que la liberté). D’où tout mon passage sur le SNU, qui me rappelle ce que je peux savoir du régime de Vichy, régime classé à droite s’il en est (même s’il avait ses partisans de gauche et du centre). Pétain n’a pas été ambassadeur auprès de Franco pour rien. Je doute que les mots de la devise républicaine lui aient plu.
Après, que la gauche (socialiste) ait été convertie très tôt dans les années 1980 au néo-libéralisme, c’est vrai, mais la droite française (y compris le FN de ces années-là) ne fut pas en reste (cf. les travaux de Kevin Brookes sur le sujet). Toutes nos élites gouvernantes sont donc mouillées dans l’affaire ‘néo-libérale’ (ce que vous appelez l’ultralibéralisation économique), et Macron n’est que l’ultime épisode de cette histoire, le pire sans doute, car il y entre en plus une très forte dose de copinage, voire de corruption pure et simple.
Vous revendiquez de fait, si je comprends bien, une identité de droite, libérale en économie (mais pas néo-libérale), conservatrice en matière de mœurs, et soucieuse de l’intérêt national. Je comprends bien que vous distinguiez de Macron, mais le mot de droite renvoie aussi à l’aspect anti-démocratique justifié par la volonté d’un homme supérieur. Et, en pratique, ce sont des électeurs qui se classifient eux-mêmes à droite ou au centre-droit qui sont venus le soutenir depuis 2019, des électeurs qui votaient avant pour les Républicains. Et les mesures sécuritaires, liberticides, etc. sont dites actuellement de droite dans l’espace public européen.
Voilà, ce que le professeur de gauche peut dire en réponse.
D’accord avec vous sur le partage du néolibéralisme entre la droite et la gauche des années 80. Par contre, votre approche de la droite autoritaire « liée au chef » est un peu datée.
Et la droite libérale -mais pas néolibérale- (donc encore étatiste) et conservatrice sur le plan sociétal, ça s’appelle le gaullisme et ça manque un peu par les temps qui courent…
Aux états-Unis, Trump a été moins libéral que les démocrates. Il a même été protectionniste et a voulu ramener du travail pour les américains (ceci indépendamment du caractère détestable du bonhomme)…
G. Meloni est moins libérale que les sociaux-démocrates italiens…
L’ultralibéralisme est définitivement incarné au centre aujourd’hui. Macron en est la quintessence et a d’ailleurs réussi la fusion du centre droit et du centre gauche. Sauf que cela reste un socialiste, incapable de s’attaquer sérieusement à la dépense publique, ce qui, pour le coup serait un marqueur de droite !
Droitisation ne me semble donc pas approprié.
Quant à la dérive autoritaire que vous projetez sur la droite, je pense que la gauche n’a pas de leçon à donner sur ce point quand on voit la fascination d’un Mélenchon pour les dictatures marxistes et la tentation autoritaire qui le caractérise.
Non vraiment, sur les points évoqués, il faut rebattre les cartes car la tectoniques des plaques droites et gauches a largement bougé en 25 ans.
C’était la réponse à la réponse du prof de droite. ;-)
« les régimes totalitaires de droite et de gauche ont créé des dispositifs d’encadrement de la jeunesse, inspirés du scoutisme, et séparés à la fois de l’éducation ordinaire et de l’armée. »
Le scoutisme serait-il un nazisme ?
Non, bien sûr, surtout que vous ajoutez :
«Il s’agit pour eux de former le citoyen (et de faire sortir de sa tanière le djihadiste en le mêlant à la masse saine de la jeunesse). Mais alors à quoi sert donc l’institution scolaire? N’a-t-elle pas ce même but parmi ces divers objectifs depuis le XIXème siècle? »
La jeunesse française est la championne d’Europe pour ce qui est de la consommation de cannabis.
Le SNU est peut-être justement la conséquence de l’échec de l’Education nationale à éduquer correctement la jeunesse ?
Effectivement, les personnes d’esprits « autoritaires du pays n’ont plus qu’à se réjouir » mais l’expérience de la dictature sanitaire (liée au covid) montre que l’autoritarisme peut avoir des aspects positifs pour le peuple.
@ EricJean : Évidemment, vous aurez sans doute compris que je plaide pour une meilleure éducation nationale. Il est inutile de faire doublon. Après que cela soit faisable est une autre question. Pour ma part, j’estime que c’est possible. La plupart des enseignants ne demanderaient qu’à mieux travailler au profit de l’éducation générale des élèves pour autant que l’administration fasse les bons choix.