L’élection législative partielle dans l’ancienne circonscription de Jérôme Cahuzac s’est donc très bien déroulée au total pour le candidat du PS. Il arrive tout de même troisième! Il a conquis pas les suffrages de pas moins de 10,35% des inscrits de la circonscription de Villeneuve-sur-Lot, soit 23,76% des suffrages exprimés. Pas si mal. Le candidat de l’UMP fait 12,54% des inscrits et 28,80% des exprimés, et le candidat FN fait 11,37% des inscrits et 26,11% des exprimés. Bien sûr, le PS subit une hémorragie en voix par rapport à 2012, et le candidat du PS est sèchement éliminé du deuxième tour, comme il se doit avec un tel niveau d’abstention établi à 54,28% (sans compter un niveau de blancs et nuls de près de 5% parmi les votants).
Pourtant, tout va très bien, dans cette circonscription le PS reste malgré tout le grand parti indépassable de la gauche. Ni le « Front de gauche » (5,10% des exprimés) ni bien sûr les « Verts » (2,79% des exprimés) ne sont sur le point de le remplacer là-bas dans le cœur de l’électorat de gauche. Surtout, le PS ne tombe pas comme une pierre. Il n’est pas (encore?) à 5% ou moins des exprimés.
Ma réaction vous étonne? Simplement, je me permets de comparer implicitement la situation du PS avec celle du PSI (Parti socialiste italien) dans les années 1990. J’ai vu la mort électorale de ce parti, où il est passé en quelques mois au début des années 1990 de 15/13% des voix à 2/1%, pour ne plus jamais dépasser ensuite cet étiage lors de ses diverses tentatives de réincarnation. (Et il y en a eu, un vrai roman.) Je pense aussi à la mort électorale des socialistes polonais et hongrois, tout aussi brutale.
Pourquoi une comparaison avec le PSI?
Parce qu’en l’occurrence, s’il y a dû y avoir une législative partielle, c’est suite à l’affaire Cahuzac, magnifique exemple de corruption et d’arrivisme des élites socialistes de ces dernières années. Pour voter le candidat du PS à Villeuneve-sur-Lot, il fallait bien différentier l’homme Cahuzac et le PS – pour ne pas voter aussi d’ailleurs, puisqu’il y a eu, semble-t-il, une candidate fantaisiste pro-Cahuzac. En pratique, cela veut dire que la marque PS est encore dissociée par une partie des électeurs de cette circonscription de la corruption avouée d’un de ses membres éminents. En Italie, à un certain moment (entre le printemps et l’automne 1992), le mot même de « socialiste » est devenu pour l’immense majorité de l’électorat un synonyme de « corrompu », et le beau mot de « socialisme » ne s’en est jamais remis (encore en 2013). Il est d’ailleurs intéressant de ce point de vue que le PS ait choisi de présenter son candidat et n’ait pas essayé de se cacher derrière une candidature unitaire d’un Monsieur Propre venu d’un autre parti de gauche.
Parce que la situation économique de la France (comme de l’Italie au début des années 1990) est pour le moins mauvaise (euphémisme) : chômage record, croissance nulle, et pouvoir d’achat stagnant ou en régression. Un candidat pro-gouvernemental n’a donc pas grand chose à faire valoir auprès de l’électeur comme bilan après un an de gouvernement de la gauche.
Donc, pour le moins, les vents étaient contraires au candidat du PS, et pourtant il fait tout de même un petit quart des suffrages exprimés, et le reste de la gauche n’est visiblement pas en état de modifier le rapport de force interne dans ce camp.
Donc j’en conclus que tout va bien pour le PS : il va continuer à perdre toutes les élections à venir, mais il restera la force à laquelle la majorité de l’électorat de gauche (en tout la partie qui va voter) s’identifie. En conséquence de quoi, une fois renvoyé dans l’opposition, ce qui ne manquera pas de se produire au train où vont les choses, il pourra repartir à la conquête du pouvoir.