Affreux, sales et… pas méchants?

Depuis que j’ai lu hier soir que le père de l’expulsée « Leonarda » aurait déclaré à la presse qu’en fait, sa femme et la plupart de ses enfants seraient italiens (car nés sur le territoire italien), je ne cesse de revoir en pensée des scènes de vieux films italiens des années 1970, où des sous-prolétaires de ce pays montent des embrouilles aussi mirifiques que foireuses qui finissent par se retourner contre eux de manière tout à fait hyperbolique : le sous-prolétaire ne saurait en effet échapper à sa condition. Le titre de ce post renvoie bien sûr à l’un de ces films fameux.

De fait, le coup de théâtre de l’italianité (légale) des membres de la famille n’en est peut-être pas un, il peut s’agir d’une autre embrouille encore, mais une fuite d’Italie, c’est tout à fait possible, c’est crédible,  cela en dit long sur la condition des « zingari » en Italie. De fait, ils sont particulièrement honnis par une bonne part de la population italienne – qui les voit aussi comme des « Slaves », ce qui rappelle de vieilles et sanglantes querelles de frontières entre Italiens et Yougoslaves. On peut donc imaginer que cette famille ait voulu fuir cette situation, en se faisant passer pour entièrement kosovare. Il me semble aussi avoir lu quelque part qu’une partie de cette population posait justement problème en Italie, parce qu’en fait, entre leur mobilité et l’écroulement de la Yougoslavie, il était très difficile d’établir leur nationalité. On peut d’ailleurs supposer qu’ils ne savent pas eux-mêmes quelle est leur nationalité réelle en fait. Le père aurait déclaré à la presse que sa femme et ses enfants avaient des papiers italiens qu’ils auraient détruits, c’est bien possible qu’ils n’aient justement pas eu de tels documents de la part d’une administration italienne assez peu prompte à démêler les fils compliqués de ces vies transnationales.

En tout cas, en l’état des informations données à ce jour par la presse, cette affaire « Leonarda » semble avoir été scénarisée par un réalisateur stipendié par l’extrême droite. Tous les poncifs de ce camp semblent se rassembler les uns après les autres autour de cette « cause célèbre ».  Le Président de la République a eu la chance ou le flair de ne rien dire, espérons qu’il saura continuer à se taire, et qu’il n’interviendra que lorsque cet emballement médiatique sera apaisé.

Par ailleurs, cette affaire en dit long aussi sur la lenteur de la justice, et sur sa légèreté à établir les faits les plus basiques. Tous les degrés de jugement passés et pas de soupçon sur leur statut en terme de nationalité… S’il s’avère que ces gens sont vraiment italiens (ce dont je doute tout de même), on pourra s’interroger sur les manières de juger en France d’un pareil cas.

5 réponses à “Affreux, sales et… pas méchants?

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  3. Pas méchant, vraiment ? Et les plaintes contre le père pour violence ? Quant à la lenteur de la justice, elle vient à mon avis de la trop grande confiance qu’elle accorde, justement, à ces demandeurs d’asile, lesquels cherchent surtout à gagner du temps en inventant des histoires à dormir debout pour jouer la montre. Pas de bol, cette fois ça n’a pas marché.

    • @ vince38 : sur la lenteur de la justice, cela vaut pour tout le monde, et, pour toutes les affaires, il n’y a pas que pour les demandeurs d’asile indélicats qui arrangent la réalité à leur guise. Prends garde aux affaires qui viennent en jugement dont parle la presse, c’est toujours très loin du moment où les faits ont été commis. Si les procès de ces gens avaient duré un an en tout dans tous les degrés de jugement, la situation serait tout autre. En soi, la lenteur de la justice est un problème sociétal, qui fait pourrir les situations. Idem par exemple pour les grands pollueurs industriels.

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