Les régionales de l’ennui!

A moins d’un retournement de situation dans les deux semaines qui viennent, force sera de constater que les élections régionales de 2010 n’auront pas été des plus passionnantes. Jusque là, la barrière d'(in)attention des médias n’a été franchie que par des polémiques sur des personnes (Dray, Frèche, Soumaré, etc.). Pour une institution créée dans les années 1970 et dont l’élection se fait au suffrage universel depuis 1986, le résultat n’est pas des plus brillants.  Il est vrai qu’elle n’a au total guère d’importance financière, et que, rationnellement, l’électeur-contribuable se trouve un peu en droit de  l’ignorer. Il suffit de revenir à sa feuille d’impôts locaux de l’année dernière pour s’en convaincre.

Pour le vainqueur annoncé selon les sondages, le PS, il est fascinant de constater que cette victoire, si elle se confirme, ne semble reposer en rien sur des propositions de politiques publiques, susceptibles de se transformer en nouvelle donne politique à l’élection présidentielle. On n’est pas plus avancé sur ce plan qu’il y a deux ans… Il existe bien sûr  des propositions propres à chaque région, mais cela me parait aussi enthousiasmant qu’une bonne camomille. Je viens de lire celles pour ma région, la région Rhône-Alpes, j’en baille encore. Je serais bien en peine de citer pour cette élection une proposition qui me paraisse susceptible de marquer son époque. Il est vrai que les sortants  ont eu le temps depuis 2004 (ou plus) de mesurer les limites de leurs marges d’action et que les prétendants ne semblent pas y croire tellement.

Une seule chose m’étonne dans ce panorama pour le moins morose : pourquoi diable Martine Aubry continue-t-elle à faire le pari d’un grand chelem (surtout après avoir perdu en route G. Frèche et Cie)? Je veux bien que les popularités du Président et du Premier Ministre soient plutôt faibles, et que les sondages soient à ce stade favorables au PS, mais, de là, à se mettre dans une situation où les attentes seront presque nécessairement déçues… Dans cette situation, il suffit du coup à la majorité présidentielle de garder ses deux régions métropolitaines (Alsace et Corse) pour prétendre ne pas avoir vraiment perdu, et, si elle en gagne une ou plusieurs, même si elle perd l’une ou les deux qu’elle détient déjà, elle pourra s’assurer satisfaite. Cela revient à imposer à son propre détriment l’idée étrange que « 19 à 3  = défaite »,  « 20 à 2 = égalité »,  « 21 à 1 =  petite avance », « 22 à 0 =victoire ». On connaît des courses à handicap moins exigeantes.

Surtout, vu l’abstention prévisible, la majorité présidentielle qui dispose d’un cœur d’électorat plus enclin à la participation (plus âgé, plus rural, moins populaire) n’a peut-être pas dit son dernier mot. Il faut aussi compter avec les alliés du PS, qui peuvent s’avérer des mauvais coucheurs entre les deux tours, surtout s’ils ne font pas les bons scores qu’ils espèrent.  De plus le FN sera-t-il en mesure de se maintenir au second tour, vu les nombreuses dissidences qui l’affectent dans certaines régions? Tout cela me parait constituer une équation bien complexe dont rien ne dit que la solution nécessaire soit « 22 à 0 ».

4 réponses à “Les régionales de l’ennui!

  1. A propos de l’importance des élections régionales, je note toutefois qu’il y a un certain nombre de personnalités politiques de premier plan au niveau national pour qui l’élection à la présidence de région semble être primordiale : citons S. Royal qui a décidé de candidater pour sa région en abandonnant son mandat de députée en 2007, signe qu’elle attachait plus d’importance au Poitou qu’à l’assemblée nationale; ou encore V. Pécresse qui a fait beaucoup d’effort pour être la candidate en Ile-de-France, alors que l’élection n’a jamais été gagnée d’avance pour l’UMP, loin s’en faut.

    Peut-être peut-on dire que pour chaque élection, les personnalités politiques trouvent un intérêt à se mettre en avant (cf. R. Dati ou M. Barnier pour les européennes). Mais j’ai quand même l’impression que la région prend de l’importance dans le cœur des hommes et femmes politiques. Qu’en pensez-vous ?

  2. @ champagne : il est certain que les présidences de région sont des « trophées » intéressants pour les hommes et femmes politiques de ce pays… surtout quand ils ont déjà eu une carrière politique nationale et quand ils sont déjà bien connus des médias nationaux de ce fait (ce qui correspond aux cas que vous citez). Il est par contre fascinant a contrario de constater à quel point les présidents de région sortants sont largement inconnus de la presse nationale… et, selon les sondages, de la majorité de leurs administrés. J’ai même lu qu’un président de région – je ne sais plus lequel – n’était connu que de 6% des sondés dans sa région… G. Frèche constitue certes le contre-exemple, mais il finit sa longue carrière à la région après avoir été un maire de droit divin à Montpellier. Michel Vauzelle idem, et, sans doute, le regretté Adrien Zeller, pour citer deux noms un peu connus, mais les autres… vous les connaissez? vous en avez entendu parler? Je soupçonne que ces postes de présidents de région sont surtout ambitionnés par certaines personnalités connues nationalement parce qu’ils permettent grâce à la durée de mandat qu’ils assurent à terme de faire autre chose. Pour le cas de S. Royal, cela me fait toujours penser à celui de VGE, qui se faisait ainsi toujours appeler « Monsieur le Président »(de l’Auvergne). Tragique dans les deux cas!

  3. Puisque la question m’est posée, je dois avouer ne pas connaître beaucoup de présidents de régions. Je citerais quand même Jean-Paul Huchon dont on entend assez régulièrement parler quand il est sujet de l’Ile-de-France.

    A propos de Royal, il est vrai qu’elle était connue (ancienne ministre) avant d’être présidente de région. Mais je pense quand même que l’essentiel de sa notoriété date d’après son élection (et elle a essayé d’utiliser la région comme tremplin pour la présidentielle, en citant notamment maintes fois pendant les débats pour les primaires socialistes ce qu’elle avait réalisé en Poitou-Charente).

  4. @ champagne : S. Royal à mon sens a été « ministre des mamans » (comme on disait pour la fustiger dans le monde des enseignants du secondaire pour son poste de ministre en charge du primaire et du secondaire) avec un certain appel populiste avant d’être élue Présidente de Région. Il faut aussi rappeler qu’elle était la compagne du Premier secrétaire du Parti socialiste. Information pour le moins importante qui en faisait un personnage central du PS bien avant son élection à la tête de Poitou-Charentes.

    Pour Jean-Paul Huchon, vous avez raison, il est un peu connu, mais il constitue la preuve qu’on peut faire carrière dans la politique régionale sans grand charisme (à comparer aux maires flamboyants de la même région : Santini, Balkany, Raoult, Valls, Delanöe, etc.)

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