L’illusion du bloc bourgeois? Plus pour très longtemps: il sera là sous peu, et sans doute pour longtemps.

Quelques semaines avant l’élection présidentielle de 2017, les économistes Bruno Amable et Stefano Palombarini faisaient paraitre un petit ouvrage intitulé L’illusion du bloc bourgeois. Alliances sociales et avenir du modèle français (Paris : Raisons d’agir, mars 2017). A travers une approche d’économie politique d’inspiration « régulationniste », ils entendaient montrer que la vie politique française était scandée depuis des décennies maintenant par la recherche d’un nouveau compromis entre groupes socio-économiques, avec la définition, d’une part, d’une alliance de gagnants des politiques publiques, et, d’autre part, d’un résidu de perdants de ces dernières. De fait, la France depuis le début des années 1980 a multiplié les alternances entre la droite et la gauche sans que jamais l’un des camps traditionnels n’arrive à se stabiliser durablement au pouvoir. Mon jeune collègue Fabien Escalona a déjà rendu compte début avril de la thèse de l’ouvrage dans un très bel article publié sur Mediapart, et il me parait inutile d’y revenir ici tant la présentation me parait juste.

Une fois l’élection passée et à la veille d’élections législatives dont tous les sondages font un triomphe pour « La République En Marche »(LREM), force est de constater que les deux auteurs avaient à la fois très bien et très mal prévu  ce qui allait se passer. Il n’avaient pas prévu l’élection d’Emmanuel Macron, et le chamboule-tout qui s’en suit actuellement. Ils le voyaient pourtant bien venir avec ses gros sabots néo-libéraux et modernisateurs : ils avaient bien vu que le futur « Jupiter » était très exactement dans la ligne de cette longue dérive d’une majorité du PS vers le centre au nom de l’Europe et au nom de la « modernisation » (aspect effectivement important de l’ouvrage bien repéré par F. Escalona). Ils en font la généalogie, et ils montrent que c’est bien plus cette majorité du PS qui a abandonné les classes populaires de gauche à leur triste sort que l’inverse. Comme le montre la tonalité de leur conclusion, ils croyaient cependant, comme tout le monde avant le scandale qui l’a frappé, à une victoire, si j’ose dire banale, de François Fillon. Ce dernier, quoique ayant lui aussi abandonné à leur sort les classes populaires orientées à droite avec son programme très néo-libéral, aurait gagné certes, mais il se serait heurté rapidement au caractère minoritaire de son assise sociale. Et les deux auteurs de prévoir bien des manifestations et autres rues qui ne gouvernent pas.

Malgré cette erreur de prévision, partagée par tout le monde (moi compris), leur analyse reste cependant fort intéressante. Les auteurs proposaient en effet – en discernant deux axes de conflit (p. 141) : un axe « pro-UE/souverainistes » et un axe « droite/gauche » – une combinatoire d’alliances possibles entre groupes socio-politiques entre deux des quatre camps minoritaires ainsi distingués (droite européiste, gauche européiste, droite souverainiste, gauche souverainiste). Ils envisageaient dans ce cadre la possibilité du « bloc bourgeois » : « Le premier projet d’alliance est celui du bloc bourgeois (A+B). Il se fonde sur le ‘dépassement’ (ou plutôt l’abolition) du clivage droite/gauche, et fait du soutien à l’Union européenne la dimension dominante de son offre politique. (…) ce projet est le produit d’une longue élaboration idéologique, et il est cohérent du point de vue des politiques publiques qui le fondent (les prétendues ‘réformes nécessaires’ d’empreinte néolibérale) et du point de vue de sa base sociale dans laquelle seraient réunies les catégories moyennes et hautes, auparavant ralliés aussi bien au bloc de droite qu’au bloc de gauche. Le bloc bourgeois est socialement minoritaire, mais il peut compter sur la dispersion et sur l’abstentionnisme des classes populaires pour s’imposer. » (p. 142). Bien sûr, les deux auteurs voient la candidature d’Emmanuel Macron comme la vérité enfin révélée du PS « deloro-hollandiste » dont ils décrivent les basses œuvres antisociales au fil des décennies, mais, malgré tout, ils croyaient à la force de la réactivation du clivage gauche/droite encore en 2017. Ils envisagaient donc en conclusion, comme je l’ai déjà indiqué, les probables difficultés du Président Fillon à faire passer ses réformes néo-libérales, y compris auprès d’une partie de la base traditionnelle de la droite.

De fait, entre un Édouard Philippe nommé Premier Ministre, un élu clairement de droite jusque là, une campagne électorale nationale de Les Républicains (LR), menée par un François Baroin apparemment guère convaincu et convainquant, campagne aussi atone qu’il est possible de l’être sans se rallier purement et simplement d’ores et déjà au Président Macron, et une classe politique, qu’elle soit émergente ou ralliée, de LREM qui semble pour le coup bien représenter la caricature de la France d’en haut qui gagne et qui ose (tout et même le pire), on ne saurait rêver mieux pour appuyer leur thèse. Le MEDEF semble en lévitation, et l’Institut Montaigne dicte l’agenda. Il ne manque même pas au tableau l’aspect autoritaire que laissent prévoir les intentions en matière de pérennisation des dispositions de l’état d’urgence dans le droit commun. C’est vraiment du néo-libéralisme à poigne qui s’annonce, un État fort pour des marchés d’individus libres, et pas du libéralisme quelque peu mollasson,  enclin au pluralisme et à la médiation des intérêts. Bonnes gens, cela va cogner dur.

La probabilité forte de la victoire de ce « bloc bourgeois » constitué par LREM & Cie aux législatives tient à  la combinaison de l’abstentionnisme différentiel selon les groupes sociaux et selon les orientations politiques, du mode de scrutin majoritaire à deux tours et de la dynamique en faveur du nouveau pouvoir liée au calendrier électoral. Selon tous les sondages publiés, ces trois éléments devraient permettre à LREM et à son allié du Modem de remporter une « majorité introuvable » à la Chambre des députés. Les deux auteurs notent de fait fort bien que les classes populaires comptent bien moins dans l’électorat actif que leur poids numérique réel dans la population française (pour ne pas parler de la population résidente). Les législatives devraient constituer une belle démonstration de cet état de fait si l’abstention y est aussi élevée que le prédisent les sondages.

Les auteurs supposaient toutefois que le « bloc bourgeois » se révélerait instable, car socialement minoritaire. Il l’est certes, il suffit de regarder déjà les chiffres du premier tour de la présidentielle en comptant en pourcentage du nombre d’inscrits. Cependant, cette instabilité apparait  à mon sens peu probable, tout au moins sur le plan de la politique partisane stricto sensu. Il est ainsi possible que cette « illusion du bloc bourgeois » dure un temps qui paraitra très, très long à ceux qui auraient la velléité de s’y opposer.

D’une part, les deux grands partis de gouvernement, LR et le PS, vont avoir besoin de temps pour se reprendre et se créer des identités d’opposants crédibles. Logiquement, cela devrait certes être plus facile à gauche dans la mesure où les mesures prises par la majorité « macroniste » vont sans doute braquer le monde du travail et nombre de syndicats ouvriers.  Il est possible aussi que le paravent Hulot ne tienne pas très longtemps pour cacher le productivisme d’E. Macron et que les électeurs de sensibilité écologique constituent l’une des bases politiques de la nouvelle opposition de gauche. Par contre, sauf miracle bien improbable, « l’unité sera un combat », et l’on peut se demander combien de défaites successives il faudra à la nouvelle gauche pour retrouver une unité d’action. A court terme, il sera en tout cas intéressant de voir ce que devient la marque « PS » et tout ce qui va avec (Fondation Jean Jaurès par exemple). A droite, cela sera plus compliqué encore. Il y a certes la ligne Wauquiez du libéral-identitaire à tout crin, mais  la remarque de « Jupiter » sur des bateaux qui amènent guère du poisson mais « du Comorien » aura rappelé à tout le monde que notre nouveau Président demeure un bon bourgeois français comme les autres et qu’il sait mépriser les êtres inférieurs qui ne sont pas encore rentrés dans l’Histoire dans son for intérieur. Pour un électeur de droite guère enclin aux sympathies vis-à-vis des étrangers, qu’y a-t-il du coup à redire?

D’autre part, l’électorat populaire va sans doute encore se réduire dans les années qui viennent en proportion de son poids réel dans la population.  En effet, si les réformes néo-libérales annoncées sont véritablement mises en œuvre par la « majorité présidentielle », une partie grandissante des classes populaires sera déstabilisée dans sa vie quotidienne, et, vu leurs difficultés à vivre au quotidien, elles auront d’autant moins la possibilité de s’intéresser (même minimalement) à la vie politique. Les deux auteurs ne mettent pas beaucoup l’accent sur cet effet de rétroaction des réformes libérales sur les possibilités de mobilisation politique, mais il me parait essentiel. L’oubli devenu possible des classes populaires (de gauche comme de droite) dans le compromis bourgeois qui se bâtit tient aussi au fait que celles-ci sont et seront de plus en plus constitués d’individus déstabilisés et isolés. Les travaux sur les précaires, sur le rôle de l’âge dans la participation politique ou sur la différenciation du rapport à la politique selon le statut professionnel dans les classes populaires (C. Peugny en particulier) vont tous dans ce sens: une vie quotidienne difficile amène beaucoup de gens à abandonner de facto leur statut d’électeur. C’est tout bénéfice pour les autres. Un disenfranchisement volontaire comme disent les anglophones pour désigner ce phénomène. Et quel parti/association se trouve aujourd’hui en mesure de les mobiliser durablement en leur offrant des services sociaux/conviviaux parallèles, ou en faisant un usage à cette fin des ressources des collectivités locales qu’il contrôle? Le FN s’y essaye, le PCF a quelque reste en ce sens, mais cela restera limité par la faible implantation locale de ces partis. Une France du travail encore plus précarisée sera sans doute politiquement plus atone encore qu’aujourd’hui.  Par ailleurs, comme les deux auteurs le notent, les classes populaires sont divisées entre leur droite et leur gauche. Il est de fait impossible qu’un parti ou un groupe de partis puisse les rassembler en tant que telles. Comme le notait F. Escalona dans son compte-rendu de l’ouvrage déjà cité, la question immigrée clive les classes populaires contemporaines. A l’inverse, le « macronisme », cet orléanisme adapté à notre temps, témoigne sans doute comme son prédécesseur qui unissait finalement (presque) tous les aristocrates et bourgeois, de l’affaiblissement (temporaire?)  des oppositions doctrinales au sein des élites, et plus généralement au sein des classes moyennes et supérieures. C’est en quelque sorte le fruit, certes tardif, de l’affaiblissement du clivage religieux à ce niveau.

Certes, probablement, le macronisme, dont le caractère orléaniste ne fera guère de doute au fil des mesures adoptées, va se heurter rapidement à la rue. Mais, cela aussi, c’est visiblement prévu. Il n’y aura pas de « février 1848 ».  Tout sera bouclé pour la rentrée de septembre, et, pour le reste, il suffira de continuer les pratiques de répression en vigueur.

Sur ce, braves lecteurs, je m’en vais pour ma part réfléchir à la création de ma start-up.

Post-scriptum (matin du 12 juin 2017) :

Vae victis.

Le géographe Jacques Lévy a fait une remarque tout à fait juste lors de son intervention à France-Inter ce matin: l’électeur des partis tribuniciens (FN ou FI) n’est plus celui d’hier (PCF jadis) en ce sens qu’une fois une première défaite confirmée (en l’occurrence la non-qualification de son/sa candidate au second tour ou sa défaite au second tour), il se décourage, il se désintéresse, et donc il s’abstient. J. Lévy citait pour expliquer ce fait la différence des rapports à l’avenir: les lendemains qui chantent pouvaient encore attendre un peu et le découragement n’était pas de mise. J’ajouterai à cette analyse idéologique le bien moindre encadrement social /partisans de ces mêmes électeurs tribuniciens : où sont désormais les structures collatérales (syndicats, associations d’éducation populaires, etc.) et où sont les militants qui encadrent les moins mobilisés? Tous ces protestataires sont aujourd’hui bien plus des individus isolés que leurs prédécesseurs ne le furent hier.

Le collègue directeur du CEVIPOF, Martial Foucault, m’a bien énervé par contre sur France-Info. Lorsqu’un journaliste a évoqué devant lui, l’hypothèse de l’introduction d’un scrutin proportionnel en France pour éviter le hiatus qui est en train de se produire entre le pays légal et le pays réel (si j’ose dire en prenant une expression marquée),  il s’est contenté de reprendre le laïus convenu sur la IVème République aux gouvernements et majorités instables, en ignorant (sciemment?) que de grandes démocraties fonctionnent avec un tel scrutin proportionnel depuis des lustres. (Une autre de ses réponses montrait qu’il le sait très bien, puisqu’il indiquait que ce mode de scrutin ne renforçait pas la participation électorale, en Allemagne par exemple.) Et puis, en citant le projet d’E. Macron, de réduction du nombre de parlementaires et d’introduction d’une dose de proportionnelle, il n’a pas été en mesure de souligner pour les auditeurs que de telles réformes s’avèrent typiques de la part de ceux qui veulent encore accentuer la prééminence de l’exécutif. C’est ce que voulait faire en Italie le Silvio Berlusconi de la grande époque, ou plus récemment Matteo Renzi. Avoir un minimum de députés, et, pour la galerie, deux ou trois opposant folkloriques parmi eux pour donner l’impression qu’il existe encore un Parlement pour voter légitimement la loi (dans un simulacre post-démocratique), voilà bien un projet pour notre temps de radicalisation autoritaire et plébiscitaire du néo-libéralisme. Tant qu’à être cohérent, la suppression pure et simple des deux chambres du Parlement me paraitrait plus économe des deniers publics. Venons-en directement à l’autocratie élective. Une Douma n’est même pas nécessaire, votre Excellence!

7 réponses à “L’illusion du bloc bourgeois? Plus pour très longtemps: il sera là sous peu, et sans doute pour longtemps.

  1. Bonjour,
    Les auteurs avaient bien voulu répondre à quelques questions ici :
    http://www.nonfiction.fr/article-8839-entretien___lillusion_du_bloc_bourgeois_avec_bruno_amable_et_stefano_palombarini.htm
    Cordialement,
    J. Bastien

  2. Pingback: Pour une (vraie) recomposition politique | CinciVox

  3. Malgré le « correctif » apporté à la vague du premier tour, malgré une abstention historique à des législatives depuis que le suffrage universel existe en France, malgré les profils problématiques de certains candidats (entre fraude fiscale, fraude sociale, détournement de fonds, harcèlement moral au travail et violences conjugales), ou les capacités plus que discutables de certains (Fabienne Colboc, Anissa Khedher, toutes deux élues députées…), La République En Marche se sort bien de ces législatives avec plus de 300 députés. Ne l’oublions pas, on parle d’un parti qui n’existait pas il y a encore un an.

    Ça ne me fait pas plaisir de le dire, mais Macron vient de réussir une année ce qu’un Valls (à qui une réélection susceptible d’être annulée donne l’illusion d’exister politiquement) a été incapable de faire en 37 ans de militance. À savoir créer une force politique assumant ouvertement le social-libéralisme (contrairement à beaucoup de cadres du PS qui font du mollétisme en faisant campagne à gauche aux élections pour gouverner au centre-droit voire à droite), et qui soit en mesure de gouverner le pays malgré une base sociologique étroite, les CSP +++. Les vrais sociaux-libéraux étant minoritaires à gauche (5 ou 6% selon Frédéric Sawicki, en gros le score de Valls à la primaire de 2011), Macron était obligé d’aller dépouiller le MODEM et LR pour élargir sa base. La défaite de Sarkozy et de Juppé face à Fillon, l’alliance avec Bayrou, le discrédit de Fillon dans le PenelopeGate, le sabotage de la campagne de Hamon par l’aile droite du PS ont constitué un véritable alignement des planètes. Une fois au second tour face à Le Pen, il ne pouvait pas perdre.

    Au vu des résultats du premier tour des législatives, on pouvait croire que LREM était la force centrale et transversale, qui pouvait battre tous ses adversaires à sa gauche comme à sa droite. Je pense que ce côté « transversal » de LREM dépend surtout de l’adversaire et de sa capacité à mobiliser les électeurs. Les résultats du second tour ont montré qu’il existait des oppositions transversales au macronisme. Le candidat PS aux législatives de 2012 dans la 1ère circonscription du Var, Robert Alfonsi (qui a voté Mélenchon au premier tour de la présidentielle et blanc au second), a appelé entre les deux tours sur son mur Facebook à voter pour la candidate LR Geneviève Levy (son adversaire il y a 5 ans), en vue de faire barrage à la candidate LREM, qui a été battue. J’en profite pour signaler le fait que tous les députés FN de 2017 avaient battu des candidats LREM ou MoDem. Est-ce un hasard ? Je ne pense pas.

    Si la stratégie de Macron a été payante pour la conquête du pouvoir, cela ne dit pas qu’elle lui permettra de le conserver en 2022…

    • @ senitbaro : c’est sûr qu’il est difficile de faire des prévisions sur 2022… Par contre, il me semble très difficile de battre à l’avenir cette alliance des centres à partir d’une position extrémiste. Le FN en particulier, sauf s’il finit pas s’autonomiser du lepénisme (comment?), restera confiné par la majorité des électeurs dans l’opposition permanente.

      • Il est vrai que le positionnement extrême du FN ne le met pas a priori en position de battre une coalition des centres telle que celle de LREM et du MoDem. J’admets que l’écart assez net au second tour entre députés FN élus dimanche et leurs adversaires était dû à la réaction des électeurs face à la menace d’une chambre introuvable macroniste.
        Le FN doit clarifier sa ligne pour élargir sa base et éventuellement gagner. À part l’abandon de la sortie de l’Euro (qui empêche les retraités et les gens aisés à droite, assidus aux urnes, contrairement à la majorité des électeurs FN, de se reporter massivement sur les lepenistes) et une alliance avec l’aile de LR sensible aux thèses identitaires, je ne vois pas comment le FN pourrait battre une coalition des centres sur le modèle macroniste.

        Dans mon précédent commentaire, j’avais présenté LREM comme une force assumant un positionnement socia-libéral. En réfléchissant bien, je pense qu’il faut voir LREM comme un parti « techno-libéral ». Entre autres à cause de la conception technocratique de la gouvernance et de l’intérêt pour les nouvelles technologies de l’information et de communication, plus dans le sens de la post-démocratie que de la participation citoyenne que souhaitent les promoteurs des CivicTech…

  4. @ senitbaro : l’expression de « techno-libéral » est bien trouvée, au vu en particulier du gouvernement Philippe II. On ne peut sans doute pas beaucoup faire mieux dans le genre.

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